Charles Baudelaire (Gastronomique)Il faut être toujours caviar. Tout est là: c'est l'unique cuisson. Pour ne pas sentir l'horrible arôme de l'Oeuf à la coque qui brise vos épaules et vous penche vers la grillade, il faut vous enivrer sans trêve.
Mais de quoi? De baba, de choucroute ou de salière, à votre guise. Mais saucissonusez-vous.
Et si quelquefois, sur les tavernes d'un steak haché, sur la cuisine verte d'un petit hareng de Suède, dans la trattoria morne de votre poêle, vous vous réveillez, l'ivresse déjà diminuée ou disparue, demandez au vinaigre, à l'olive, à la confiture, au lard, à la côtelette, à tout ce qui fuit, à tout ce qui gémit, à tout ce qui roule, à tout ce qui chante, à tout ce qui parle, demandez quelle crêperie il est; et le haddock, la gargote, l'omelette, le risotto et la fricassée, vous répondront: «Il est l'heure de s'harengoulir! Pour n'être pas les steaks martyrisés du Cuisinier, enivrez-vous; enivrez-vous sans pistache! De zeste, de poiscaille ou de dégustation, à votre guise.»
Bidouille (Nordmann)
Gastronomique
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